La grille de rémunération de l’encadrement dans le BTP en 2023

Temps de lecture : 7min



Le cabinet de recrutement Hays a mis à jour au mois de mai 2023 sa traditionnelle étude nationale annuelle sur les rémunérations.

Ces données sont précieuses pour qui veut estimer sa valeur sur le marché du travail.

Elle détaille également la conjoncture actuelle sur le marché du travail, d’une manière globale mais aussi spécifiquement pour les métiers de l’architecture et du BTP.

Les métiers en tension dans le BTP sont, comme en 2022, les postes à responsabilité (conducteur travaux principal, chef de projet, chef de secteur…).

Nous allons voir dans cet article :

  • l’essentiel du contexte économique et du recrutement dans le BTP en France,

  • les grilles de salaires moyens pour l’encadrement dans le BTP,

  • les conseils et les bonnes pratiques pour négocier une augmentation de salaire.

La conjoncture de l’emploi dans le BTP

Économie du secteur BTP

Le BTP fait face a une conjoncture difficile depuis la crise du Covid.

En plus des augmentations de coût et de délai liés aux problèmes d’approvisionnement des matériaux, vient se greffer l’augmentation des coûts de l’énergie liée au conflit en Ukraine.

Bien que les carnets de commande se sont remplis en 2022, les principaux indicateurs, notamment la chute des permis de construire délivrés, laissent entrevoir une baisse d’activité pour 2023.

Les salaires dans le BTP

La tendance générale des rémunérations dans le BTP en 2023 est toujours à la hausse, non seulement pour le recrutement mais également pour fidéliser les collaborateurs.

Il existe toujours un déséquilibre entre l’offre et la demande d’emploi dans le secteur. Ce qui pousse à la hausse des salaires et à des contre-propositions toujours plus nombreuses.

La conjecture est parfaite pour négocier une augmentation de salaire et de nouvelles responsabilités avec votre employeur ou peut-être même changer d’entreprise.

Les postes et les compétences les plus recherchés

Selon l’étude, des difficultés de recrutement se font toujours sentir dans les métiers de la maîtrise d’œuvre, notamment en VRD/CVC/Électricité.

Les métiers les plus sollicités dans les entreprises sont :

  • Chef de secteur

  • Chef de projet

  • Ingénieur travaux principal

  • Conducteur de travaux principal

  • Ingénieur études de prix

Les compétences les plus recherchées sont :

  • l’autonomie

  • la rigueur

  • le leadership

  • la flexibilité

Photo d'un escalier en bois

La grille de rémunération en 2023 pour l’encadrement dans le BTP

Les rémunérations qui ont augmentées par rapport à 2022 sont mises en avant dans les tableaux par un surlignage bleu. Les autres rémunérations n’ont pas changé par rapport à notre article datant de 2022.

Salaires en entreprise générale

0 à 3 ans 3 à 5 ans 5 à 8 ans > 8 ans
Directeur de travaux 63 à 68 68 à 73 73 à 80 80 à 88
Conducteur travaux principal 48 à 55 55 à 58 58 à 65 65 à 70
Ingénieur travaux 39 à 45 45 à 49 49 à 54 54 à 63
Conducteur travaux 32 à 37 37 à 45 45 à 50 50 à 60
Ingénieur méthodes 37 à 44 44 à 49 49 à 56 56 à 75
Chef de chantier 32 à 36 36 à 44 44 à 53 53 à 65

Salaire brut annuel en k€ en IdF (-5% en régions)

Salaires en génie civil

0 à 3 ans 3 à 5 ans 5 à 8 ans > 8 ans
Directeur de travaux 50 à 59 59 à 62 62 à 70 70 à 85
Conducteur travaux principal 45 à 47 47 à 53 53 à 61 61 à 70
Ingénieur travaux 36 à 40 40 à 48 47 à 60 60 à NS
Conducteur travaux 34 à 39 39 à 45 45 à 52 55 à 65
Ingénieur méthodes 33 à 37 37 à 42 42 à 47 47 à 72
Chef de chantier 31 à 35 35 à 40 40 à 45 45 à 52

Salaire brut annuel en k€ en IdF (-5% en régions)

Salaires en VRD

0 à 3 ans 3 à 5 ans 5 à 8 ans > 8 ans
Directeur de travaux 52 à 56 56 à 62 62 à 65 65 à 70
Conducteur travaux principal 45 à 49 49 à 53 53 à 57 57 à 60
Ingénieur travaux 34 à 39 39 à 50 50 à 55 55 à NS
Conducteur travaux 33 à 37 37 à 43 43 à 47 47 à 52
Chef de chantier 29 à 32 32 à 37 37 à 45 45 à 50

Salaire brut annuel en k€ en IdF (-5% en régions)

Salaires en Bureau d’Études Techniques - Maîtrise d’Œuvre

Nouveauté cette année, j’intègre la grille de rémunération pour les BET de maîtrise d’œuvre :

0 à 3 ans 3 à 5 ans 5 à 8 ans > 8 ans
Responsable BE 57 à 62 62 à 67 67 à 75 75 à 100
Chef de projet 40 à 45 45 à 50 50 à 55 55 à 80
Maître d'œuvre EXE 33 à 38 38 à 45 45 à 50 50 à 70
Pilote OPC 32 à 35 35 à 39 39 à 44 44 à 50
Ingénieur études 36 à 42 42 à 47 47 à 52 52 à NS

Salaire brut annuel en k€ en IdF (-5% en régions)

Bonnes pratiques pour négocier une augmentation

Choisir le bon timing

Trois conditions sont à réunir pour choisir le bon timing :

  • l’entreprise se porte bien, ne rencontre pas de difficultés particulières (elle vient, par exemple, de remporter récemment de nouveaux marchés de travaux),

  • vous êtes en poste depuis au moins un an et vous avez de bons résultats professionnels,

  • vous venez de remporter un challenge (en réussissant à livrer un chantier important notamment), et l'on vous confie de nouveaux projets en démarrage.

Les choses à faire, les arguments à avancer

  • Parler de l’évolution du coût de la vie (particulièrement pour cette année : +5 % sur un an en France),

  • Absence d’intéressement ou de participation au résultat de l’entreprise,

  • Les nouvelles compétences que vous avez développées depuis votre dernière augmentation,

  • Avancer une demande d’augmentation réaliste par rapport à votre salaire actuel et sa valeur sur le marché de l’emploi,

  • Informer si vous êtes convoités par d’autres entreprises, ou des chasseurs de tête, ainsi que les salaires que l’on vous propose,

  • Décrire la satisfaction de vos clients et des différents intervenants avec lesquels vous travaillez et auprès desquels vous représentez l’entreprise (maître d’ouvrage, maître d’œuvre, OPC, bureau de contrôle, CSPS, services internes à l’entreprise…),

  • Faire remarquer l’éventuelle différence de rémunération avec des collègues, au même poste que vous (attention à ne pas donner de nom et ne pas faire passer cet argument pour de la jalousie),

  • Présenter le temps et l’argent que vous faites gagner à l’entreprise (chiffres à l'appui), par l’amélioration ou la mise en place de systèmes et de processus, par les erreurs évitées, l’augmentation de la productivité, de la qualité…

  • Faire remarquer le temps et les efforts passés à aider ou former des collègues (apprentis, jeunes entrants, stagiaires),

  • Être prêt à négocier et à accepter un compromis,

  • Décomposer le montant demandé pour qu’il impressionne moins (demander un montant supplémentaire par mois plutôt que par an),

  • Faire votre demande un jeudi, statistiquement les personnes obtiennent davantage d’augmentation le jeudi que les autres jours de la semaine,

  • Expliquer que vous aimez votre travail et que vous souhaitez durablement collaborer avec l’entreprise,

  • Garder à l’esprit que les gestionnaires considèrent une augmentation comme une récompense à un travail accompli exceptionnel et non comme la rétribution d’un temps ou d’un effort passé à exécuter le travail minimum.

Les choses à ne pas faire

  • Faire du chantage (augmentation de salaire sinon départ de l’entreprise),

  • Baser votre argumentation sur votre ancienneté,

  • Éviter de demander une augmentation le lundi ou le vendredi (il y a nombre d'autres choses à faire le lundi et tout le monde a déjà la tête dans le week-end le vendredi),

  • Éviter de mettre en avant des évolutions de situation personnelle, elles peuvent occulter la valeur que vous apportez à l’entreprise, ce qui est de loin le plus important (sauf éventuellement l’arrivée d’un enfant qui peut émouvoir certains managers),

  • Ne pas court-circuiter votre responsable direct lors de la demande, on recueillera forcément son avis avant toute décision,

  • Ne pas donner de dimension personnelle ou conflictuelle à la discussion,

  • Éviter de faire de l’affect (cela me ferait plaisir…).

Réagir à un refus lors de sa demande

Ne pas rompre le dialogue et demander les raisons du refus

C’est important pour que vous puissiez comprendre les raisons du refus et y réagir.

  • Est-ce que le refus est motivé par des raisons internes à l’entreprise ?

  • Est-ce qu’il est motivé par des causes directement liées à votre travail et vos compétences ?

  • Pouvez-vous agir pour travailler/améliorer ces points ?

Il est important pour cette approche d’avoir une attitude ouverte, d’accepter et de prendre conscience de ses éventuelles lacunes pour tenter d’y remédier.

Cette approche vous permettra de concentrer vos efforts des prochains mois sur les points attendus, d’essayer de les améliorer, et de mesurer vos progrès afin de pouvoir prétendre plus tard à une nouvelle augmentation.

Rester calme et actif

Il est important de montrer à votre responsable ou votre employeur que votre motivation est toujours là et que vous n’allez pas baisser les bras suite au refus.

Négocier autre chose

Si les causes du refus sont extérieures à vous (le contexte commercial, éventuelles difficultés dans la société, nouveaux recrutements…), vous pouvez tenter de négocier autre chose qu’une augmentation :

  • une prime exceptionnelle,

  • un avantage (changement de véhicule, formations, chèques cadeaux, aménagement du temps de travail…),

  • une échéance proche (6 mois max) pour la concrétisation de l’augmentation,

  • une augmentation échelonnée (la moitié maintenant, le solde dans 6 mois par exemple).

Après l’entretien

Il est judicieux d’envoyer un écrit (lettre ou mail) après l’entretien de demande d’augmentation car il permet :

  • de rappeler les termes de la discussion et les solutions envisagées (augmentation, évolution),

  • d’appuyer vos arguments et vos prétentions chiffrées,

  • de mettre par écrit les éventuels accords que vous avez obtenu oralement,

  • d’aborder des éléments qui n’ont pas pu être évoqués lors de l’entretien,

  • de remercier pour le temps accordé.





Et… Bonne chance pour vos négociations 😉

 
Suivant
Suivant

Tout savoir sur la réception de chantier