Êtes-vous bien payé ? (Salaires BTP 2022)

Temps de lecture : Environ 7min

Le cabinet de recrutement Hays a publié au mois de mai 2022 son étude nationale annuelle sur les rémunérations en 2022.

Ces données sont précieuses pour qui veut estimer sa valeur sur le marché du travail.

On y apprend également que la mobilité professionnelle est en forte hausse (le double par rapport à l’an dernier).

Ensuite, que les métiers en tension dans le BTP sont principalement les postes à responsabilité (conducteur travaux principal, directeur travaux…).

La conjecture est parfaite pour discuter augmentation de salaire et nouvelles responsabilités avec votre employeur ou peut-être même changer d’entreprise.

Nous allons voir dans cet article :

  • l’essentiel du contexte économique et du recrutement dans le BTP en France,

  • les grilles de salaires moyens pour l’encadrement dans le BTP,

  • les conseils et les bonnes pratiques pour négocier une augmentation de salaire.

Le point sur la conjoncture économique nationale

Le retour de l’inflation

L’inflation concerne certes les matériaux de construction, mais également l’ensemble des biens de consommation.

Les estimations du mois de mai annoncent une inflation sur un an (de mai 2021 à mai 2022) de +8,1 % pour la zone euro, +5,8 % pour la France.

Les tendances du recrutement

L’étude menée par le cabinet Hays et publiée en mai 2022 montre que :

  • 40 % des candidats indiquent avoir changé de poste durant l’année. C’est le double de l’année 2020,

  • Pour 96 % de ces personnes, il s’agit d’un changement d’entreprise,

  • Plus du tiers des candidats (69 %) envisagent de changer d’emploi dans les 12 prochains mois,

  • 71 % des recruteurs sont optimistes quant à la création d’emploi d’ici 2 à 5 ans.

La tendance est excellente sur le marché de l’emploi en général, de nombreux postes sont toujours à pourvoir, principalement les postes à responsabilité.

Économie du secteur BTP

La reprise économique du secteur BTP après les différents confinements et arrêts de chantier n’a pas été aussi franche qu’anticipée.

Les problèmes d’approvisionnement de matériaux ont engendré des augmentations de coût et de délai.

Tous les secteurs du BTP ne vivent pas la même situation ; les difficultés sont particulièrement présentes dans la construction résidentielle et non résidentielle, dans le génie civil et dans les travaux publics.

On observe toutefois une hausse d’activité significative dans les secteurs de la réhabilitation et de la rénovation.

Les salaires dans le BTP

Graphique avec salaire et calculatrice

Les postes et les compétences les plus recherchés

Toujours selon l’étude, des difficultés de recrutement se font sentir dans les métiers de la maîtrise d’œuvre, notamment en VRD et CVC.

Dans les entreprises de travaux (entreprise générale, génie civil et travaux publics), les employeurs sont prêts à faire des offres attractives sur la rémunération et les avantages.

Mais également des concessions sur le degré de “séniorité” tant le recrutement des postes à responsabilité est compliqué.

Les métiers les plus convoités dans les entreprises sont :

  • Conducteur de travaux principal

  • Directeur de travaux

  • Ingénieur méthodes

  • Chef de projets

Les compétences les plus recherchées sont :

  • l’autonomie

  • l’anticipation

  • la prise d’initiative

  • la bonne capacité de gestion

La grille de rémunération des conducteurs de travaux en 2022

Salaires en entreprise générale

0 à 3 ans 3 à 5 ans 5 à 8 ans > 8 ans
Directeur de travaux 63 à 68 68 à 73 73 à 80 80 à 88
Conducteur travaux principal 48 à 55 55 à 58 58 à 65 65 à 70
Ingénieur travaux 38 à 43 43 à 47 47 à 54 54 à 63
Conducteur travaux 32 à 37 37 à 45 45 à 50 50 à 60
Ingénieur méthodes 37 à 44 44 à 49 49 à 56 56 à 75
Chef de chantier 30 à 35 35 à 44 44 à 53 53 à 65

Salaire brut annuel en k€ en IdF (-5% en régions)

 

Salaires en génie civil

0 à 3 ans 3 à 5 ans 5 à 8 ans > 8 ans
Directeur de travaux 50 à 59 59 à 62 62 à 70 70 à 85
Conducteur travaux principal 45 à 47 47 à 53 53 à 61 61 à 70
Ingénieur travaux 35 à 39 39 à 48 47 à 60 60 à NS
Conducteur travaux 33 à 39 39 à 45 45 à 52 55 à 65
Ingénieur méthodes 33 à 37 37 à 42 42 à 47 47 à 72
Chef de chantier 31 à 35 35 à 40 40 à 45 45 à 52

Salaire brut annuel en k€ en IdF (-5% en régions)

 

Salaires en VRD

0 à 3 ans 3 à 5 ans 5 à 8 ans > 8 ans
Directeur de travaux 52 à 56 56 à 62 62 à 65 65 à 70
Conducteur travaux principal 45 à 49 49 à 53 53 à 57 57 à 60
Ingénieur travaux 34 à 39 39 à 50 50 à 55 55 à NS
Conducteur travaux 33 à 37 37 à 43 43 à 47 47 à 52
Chef de chantier 29 à 32 32 à 37 37 à 45 45 à 50

Salaire brut annuel en k€ en IdF (-5% en régions)

 

C’est le bon moment pour demander une augmentation

En cette année 2022 pour un conducteur de travaux, la conjoncture nationale est idéale pour négocier une augmentation de salaire ou une évolution de professionnelle, voir éventuellement pour changer d’entreprise.

Les besoins en postes d’encadrement dans le BTP sont à leur maximum et le recrutement est en tension, les opportunités ne devraient pas manquer.

Bonnes pratiques pour négocier une augmentation

Choisir le bon timing

Trois conditions sont à réunir pour choisir le bon timing :

  • l’entreprise se porte bien, ne rencontre pas de difficultés particulières (elle vient, par exemple, de remporter récemment de nouveaux marchés de travaux),

  • vous êtes en poste depuis au moins un an et vous avez de bons résultats professionnels,

  • vous venez de remporter un challenge (en réussissant à livrer un chantier important notamment), et l'on vous confie de nouveaux projets en démarrage.

Les choses à faire, les arguments à avancer

  • Parler de l’évolution du coût de la vie (particulièrement pour l’année 2022 : +5 % sur un an en France),

  • Absence d’intéressement ou de participation au résultat de l’entreprise,

  • Les nouvelles compétences que vous avez développées depuis votre dernière augmentation,

  • Avancer une demande d’augmentation réaliste par rapport à votre salaire actuel et sa valeur sur le marché de l’emploi,

  • Informer si vous êtes convoités par d’autres entreprises, ou des chasseurs de tête, ainsi que les salaires que l’on vous propose,

  • Décrire la satisfaction de vos clients et des différents intervenants avec lesquels vous travaillez et auprès desquels vous représentez l’entreprise (maître d’ouvrage, maître d’œuvre, OPC, bureau de contrôle, CSPS, services internes à l’entreprise…),

  • Faire remarquer l’éventuelle différence de rémunération avec des collègues, au même poste que vous (attention à ne pas donner de nom et ne pas faire passer cet argument pour de la jalousie),

  • Présenter le temps et l’argent que vous faites gagner à l’entreprise (chiffres à l'appui), par l’amélioration ou la mise en place de systèmes et de processus, par les erreurs évitées, l’augmentation de la productivité, de la qualité…

  • Faire remarquer le temps et les efforts passés à aider ou former des collègues (apprentis, jeunes entrants, stagiaires),

  • Être prêt à négocier et à accepter un compromis,

  • Décomposer le montant demandé pour qu’il impressionne moins (demander un montant supplémentaire par mois plutôt que par an),

  • Faire votre demande un jeudi, statistiquement les personnes obtiennent davantage d’augmentation le jeudi que les autres jours de la semaine,

  • Expliquer que vous aimez votre travail et que vous souhaitez durablement collaborer avec l’entreprise,

  • Garder à l’esprit que les gestionnaires considèrent une augmentation comme une récompense à un travail accompli exceptionnel et non comme la rétribution d’un temps ou d’un effort passé à exécuter le travail minimum.

Les choses à ne pas faire

  • Faire du chantage (augmentation de salaire sinon départ de l’entreprise),

  • Baser votre argumentation sur votre ancienneté,

  • Éviter de demander une augmentation le lundi ou le vendredi (il y a nombre d'autres choses à faire le lundi et tout le monde a déjà la tête dans le week-end le vendredi),

  • Éviter de mettre en avant des évolutions de situation personnelle, elles peuvent occulter la valeur que vous apportez à l’entreprise, ce qui est de loin le plus important (sauf éventuellement l’arrivée d’un enfant qui peut émouvoir certains managers),

  • Ne pas court-circuiter votre responsable direct lors de la demande, on recueillera forcément son avis avant toute décision,

  • Ne pas donner de dimension personnelle ou conflictuelle à la discussion,

  • Éviter de faire de l’affect (cela me ferait plaisir…).

Réagir à un refus lors de sa demande

Ne pas rompre le dialogue et demander les raisons du refus

C’est important pour que vous puissiez comprendre les raisons du refus et y réagir.

  • Est-ce que le refus est motivé par des raisons internes à l’entreprise ?

  • Est-ce qu’il est motivé par des causes directement liées à votre travail et vos compétences ?

  • Pouvez-vous agir pour travailler/améliorer ces points ?

Il est important pour cette approche d’avoir une attitude ouverte, d’accepter et de prendre conscience de ses éventuelles lacunes pour tenter d’y remédier.

Cette approche vous permettra de concentrer vos efforts des prochains mois sur les points attendus, d’essayer de les améliorer, et de mesurer vos progrès afin de pouvoir prétendre plus tard à une nouvelle augmentation.

Rester calme et actif

Il est important de montrer à votre responsable ou votre employeur que votre motivation est toujours là et que vous n’allez pas baisser les bras suite au refus.

Négocier autre chose

Si les causes du refus sont extérieures à vous (le contexte commercial, éventuelles difficultés dans la société, nouveaux recrutements…), vous pouvez tenter de négocier autre chose qu’une augmentation :

  • une prime exceptionnelle,

  • un avantage (changement de véhicule, formations, chèques cadeaux, aménagement du temps de travail…),

  • une échéance proche (6 mois max) pour la concrétisation de l’augmentation,

  • une augmentation échelonnée (la moitié maintenant, le solde dans 6 mois par exemple).

Après l’entretien

Il est judicieux d’envoyer un écrit (lettre ou mail) après l’entretien de demande d’augmentation car il permet :

  • de rappeler les termes de la discussion et les solutions envisagées (augmentation, évolution),

  • d’appuyer vos arguments et vos prétentions chiffrées,

  • de mettre par écrit les éventuels accords que vous avez obtenu oralement,

  • d’aborder des éléments qui n’ont pas pu être évoqués lors de l’entretien,

  • de remercier pour le temps accordé.

Et… Bonne chance pour vos négociations 😉

 
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